Sur la base des extraits des Mémoires du Pasteur TROCME évoquant le financement du projet, nous avons le sentiment qu’il a été improvisé, et qu’il a été assuré en quasi-totalité par les Amis d’Amérique.
Cependant, nous savons que nombreux sont ceux qui sont intervenus bénévolement, parmi lesquels figurent notamment les architectes.
Le premier financement fut mis en place par le Pasteur THEIS par le biais de la souscription en Suisse, d’un emprunt d’un million de francs, comme le Pasteur TROCME l’indique :
- Genève : « Theis sut établir et entretenir des contacts avec le Conseil œcuménique des Eglises en formation à Genève, et avec l’APIDEP, une organisation protestante de prêts, à laquelle il emprunta, dès 1944, un million de francs français à ses risques personnels ; c’était une somme considérable pour l’époque. Un banquier genevois, M. Sauter, fut effaré, au cours de la visite qu’il fit au Chambon en 1945, de constater qu’il n’y avait même pas derrière Theis, une association légale et responsable, et que la seule garantie offerte aux prêteurs, c’était le terrain que nous avions acheté ; un pré où paissaient encore des vaches, et dont la valeur véritable était bien incertaine. » (Trocmé 494)
« Après la Libération, Theis arriva donc un jour de Genève avec un million de francs cachés dans sa ceinture, et nous achetâmes le pré de Peybrousson. Mais il fallait rembourser les banquiers genevois. » (Trocmé 495)
C’est alors que les amis d’Amérique furent sollicités :
« Theis avait épousé une Américaine et enseigné pendant quelque temps à Wooster College, dans l’Ohio. Moi-même, je plaçais un grand espoir dans la famille Rockefeller ; Theis et moi avions été tutors en français des enfants de John D.Junior. » (Trocmé 495)
- Fellowship of Reconciliation : Nevin Sayre, secrétaire du comité de la Réconciliation internationale, « m’expliqua que notre « Collège » ne pouvait intéresser un mouvement entièrement consacré à la pure opposition à la guerre et à l’objection de conscience. Cependant il m’avait organisé, comme pour Theis, une tournée de conférences à travers le pays, jusque sur la côte Ouest. Les frais ’’organisation étaient assumés par la Fellowship of Reconciliation, qui empochait en échange les « cachets » de l’orateur que j’étais. Mais j’étais autorisé à recevoir des dons spéciaux pour le Collège, si j’avais le bonheur d’en susciter. » (Trocmé 499) « J’étais rentré à New York avec 4000 dollars de collecte, ce qui nous permettait de rembourser les banquiers genevois et de devenir propriétaires du terrain de Peybrousson, mais ne nous donnait pas le moyen de construire sur ce terrain même une baraque en planches. » (Trocmé 503)
- Don inattendu de Mme Rockefeller junior : « Je la trouvai très vieillie et très amicale comme toujours. Elle tenait à me remettre un chèque de mille dollars « pour vous, pour votre femme que je connais, et pour vos enfants. Vous en ferez ce que vous voudrez. »
Mille dollars ! Quelle aubaine ! Nous sortions de la guerre sans vêtements, sans souliers. En sortant de chez elle, je m’empressai donc de faire des achats pour ma famille. Cependant je décidai de donner la moitié de ce cadeau inattendu au Collège, ce qui arrondirait à 4500 dollars la collecte de 4000 dollars. » (Trocmé 507).
Enfin, la chance a souri à nouveau aux fondateurs, grâce à un don inattendu comme indiqué dans le livre de Gérard BOLLON et les Mémoires du Pasteur TROCME, permettant de payer le prix de la ferme de Luquet :
« C’est aussi pendant l’été 1946 que les Sangree viennent au Chambon en même temps que le délégué presbytérien de Genève, le docteur Busch. La visite du chantier par ce dernier vaut au Collège un don très important. Carl et Florence Sangree apprennent alors que la ferme du Luquet et les terrains proches de Chomier sont à vendre. En câblant aux « Frères d’Amérique » un projet d’acquisition, ils obtiennent un prêt conséquent. Le 15 août 1946, la ferme etses terrains alentour sont achetés. » (Bollon 29)
« Les propriétaires en réclamaient un million et demi, et les Sangree s’étaient saignés à blanc pour les baraques – endettés même. C’était l’impasse. Cependant, un jour, « passant par là, se présenta au Chambon un gros bonnet de l’Eglise presbytérienne des USA, en quête d’une bonne œuvre à faire. On lui avait parlé du Chambon. Nous lui présentâmes notre problème. « Je crois que je peux vous aider, dit-il. Combien coûte la ferme de « Lucky » ? – « Un million et demi. » - « Six mille dollars ? C’est justement le montant du chèque mon église m’a remis pour faire une œuvre en Europe. Voilà ! » Et Luquet fut acheté en quelques jours. » ((Trocmé 511)
Pour conclure, nous devrons nous souvenir que le financement fut improvisé, et assuré en quasi-totalité par les Amis d’Amérique.