Nelly Seloron commence par un hommage à Gérard Bollon, présent parmi nous ce 10 août, pour son remarquable travail d’historien, qui nous a permis d’obtenir de précieux renseignements sur les différents aspects de la fondation du Collège cévenol.
- création de l’association : « En février 1945 sont rédigés les premiers statuts par André Philip. L’association, sans but lucratif, adopte le régime de la loi de 1901 avec comme objectif exclusif l’enseignement et l’éducation de la jeunesse. Elle est administrée par un Conseil composé du pasteur André Trocmé et de douze à seize membres élus par l’Assemblée générale. Font également partie du Conseil, avec voix délibérative, trois membres du corps enseignant élus par leurs collègues. La directrice, Mlle Pont, et le directeur, Edouard Theis, sont aussi membres mais avec voix consultative. » (Bollon 27)
- création de la SCI : « Le 7 mars 1946 est déclarée la Société Civile Immobilière qui possède les 13 hectares de terrains du Collège et qui les loue à l’association du Collège cévenol, sous la direction d’André Trocmé, président de l’association. » (Bollon 40)
- le CA : « Un Conseil d’administration se réunit régulièrement. Parmi les premiers administrateurs on peut noter les noms de Messieurs Albaric, Amphoux, Dreyer, Eyraud, Harle, Joannon, Malécot, Monteil, Monnier, Hammel… et les directeurs E. Theis, Mme Lavondès, l’administrateur G. Le Vu, trois délégués du corps enseignant, le conseiller des élèves, Mlle Williamson puis Jim Bean de 1952 à 1964. Plus tard un représentant des Amis américains et des Anciens Elèves seront associés au Conseil. » Bollon 41)
- association du Collège Cévenol : « Lors de la constitution légale de l’Association du Collège Cévenol, il avait été prévu que le corps enseignant aurait trois sièges au Conseil, avec voix consultative. Ce système fut aggravé encore après quelques années par l’accession des représentants des professeurs, du directeur, de la directrice et de l’administrateur du Collège au Conseil, avec voix « délibérative » et non plus « consultative », comme au début. Ce système ne pouvait aboutir qu’à des conflits d’autorité insupportables. (…) Les professeurs avaient souvent, à l’époque, envisagé de se constituer en une coopérative qui aurait nommé son directeur et géré ses propres finances. Mais sur le conseil d'André Philip, ils préférèrent la sécurité d’une association dite « 1901 », dont l’Assemblée générale et le Conseil garantissaient la bonne gestion de leurs affaires, la régularité de leurs salaires, et les débarrasserait du souci de la prévision financière en assumant la responsabilité des collectes et des constructions à entreprendre et de la constitution de réserves permettant de régler les fournisseurs au moment des échéances, etc.
J’avais donc groupé autour du Collège un certain nombre d’industriels de la région stéphanoise et du Midi de la France, qui me firent confiance et accordèrent au Collège leur caution financière à l’heure où celui-ci ne jouissait encore d’aucun crédit. Toujours sur les conseils d’André Philip, ils constituèrent une Société civile propriétaire du terrain et des immeubles, dont les membres étaient individuellement responsables de la gestion financière du Collège. Si le Collège s’endettait, c’est de leur poche qu’ils auraient dû rembourser les créanciers.
L’autorité de cette Société civile, dont les membres furent graduellement élus comme membres du Conseil d’administration, étaient donc considérable. Elle couvrait de sa protection nos aventureux professeurs.
Mais aussi, ce Conseil prétendait appliquer à l’administration du Collège les principes traditionnels de la prudente gestion d’une affaire commerciale.
Or cela, nos professeurs ne le comprenaient pas. » (Trocmé 513-514)
- tension : « La tension permanente entre le Conseil d’administration et les professeurs fut pour moi une cause de grands chagrins et me décida, en 1950, au départ. » (Trocmé 513)